Alors que les grands centres urbains du Canada continuent de croître en hauteur plutôt qu’en superficie, les réalités du développement immobilier évoluent rapidement. Les terrains se font rares, la demande est élevée et les attentes changent. Pour les promoteurs, cela signifie trouver un équilibre entre l’envergure des projets et la qualité de vie, en construisant des communautés verticales à la fois intuitives et efficaces.
Au cœur de ce défi se trouve Shannon Adams, directrice principale des services de projets et de développement chez Canderel. Adams a fait carrière en naviguant à travers la complexité de la construction en hauteur, tout en gardant une priorité bien claire : les gens.
Des beaux-arts à l’avant-plan du développement urbain
Lorsque Shannon Adams a mis les pieds sur son premier chantier de construction à l’âge de 20 ans, elle n’aurait jamais imaginé qu’elle dirigerait un jour d’importants projets de tours résidentielles à Toronto. Avec une formation en peinture à l’huile abstraite et en sculpture, Shannon a emprunté un parcours peu conventionnel vers l’immobilier, ce qui lui donne un avantage unique pour visualiser et gérer les complexités du développement vertical. « J’ai étudié en beaux-arts, » dit-elle. « Mais je ne voulais pas devenir artiste traditionnelle ni professeure d’art… J’ai suivi un gars à Newmarket, j’ai peint des maisons, réalisé des murales sur commande, travaillé dans un gym, puis j’ai fini par décrocher un emploi sur un chantier comme commis de site. À partir de là, je n’ai jamais arrêté de monter. »
Cette expérience terrain dès le début de sa carrière a mené Shannon à son poste actuel chez Canderel, où elle dirige l’équipe de construction à Toronto et supervise d’importants projets résidentiels comme Forêt, un complexe de trois tours totalisant 1 300 unités, ainsi que le projet moderne de taille moyenne situé au 908, rue St. Clair. Ces deux projets incarnent, selon elle, la nouvelle norme du développement urbain canadien : des communautés verticales à haute densité et hautement fonctionnelles.
Repenser la densité : construire en hauteur avec intention
Mais construire en hauteur ne se résume pas à empiler des étages — il s’agit de concevoir des espaces capables de s’adapter aux besoins changeants de la vie urbaine moderne. Entre l’accessibilité, la rareté des terrains et les nouvelles habitudes de vie comme le télétravail, les promoteurs sont appelés à repenser la façon dont on construit des communautés dans les airs.
La densité urbaine n’est pas seulement un défi de conception — c’est une nécessité économique et sociale. « En ville, les communautés verticales sont vraiment tout ce qui reste, » affirme Shannon. « Il n’y a plus d’espace au centre-ville pour construire des maisons unifamiliales ; et les maisons en rangée sont surtout du remplissage urbain ou se construisent en périphérie. »
Mais construire en hauteur ne veut pas dire construire sans âme. Shannon tient à ce que la vie en tour soit à la fois pratique et personnalisée. Pour cela, il faut avoir une vision réaliste de ce que signifie la flexibilité. « Les gens pensent que ‘flexibilité’ veut dire tout personnaliser. Mais nous sommes des constructeurs à grande échelle — on ne construit pas 500 maisons sur mesure. Ce qu’on fait, c’est trouver des solutions adaptables et évolutives qui conviennent à différents types de personnes. »
Plutôt que de proposer des dizaines de plans et de finis différents, Shannon et son équipe simplifient le processus pour maximiser la qualité et l’efficacité. « On peut offrir un studio, un une chambre et un deux chambres avec quelques variations qui fonctionnent bien pour plusieurs profils d’utilisateurs, » explique-t-elle. Cette clarté dans la conception permet de simplifier la construction, de réduire les risques d’erreurs et de livrer un produit final cohérent et de haute qualité — autant pour le constructeur que pour le futur propriétaire.
Là où le design intelligent rencontre la technologie intelligente
Au-delà des plans bien pensés, les résidents d’aujourd’hui s’attendent à ce que la technologie soit intégrée de manière fluide à leur milieu de vie — et Canderel répond à cette demande avec des systèmes qui rendent la vie plus simple, plus sécuritaire et plus connectée. « La technologie améliore l’accessibilité, » explique Shannon. « On peut réserver un espace de stationnement pour visiteurs sur son téléphone, contrôler les systèmes intelligents de son domicile ou même déverrouiller sa porte d’entrée à distance. »
Canderel a pleinement adopté cette évolution grâce à des plateformes comme Okkto, qui regroupe tout — des commandes de domotique aux réservations d’espaces communs — dans une seule application mobile.
« Il existe aussi des forfaits domotiques qui permettent de gérer la température, l’éclairage, le système audio ou les haut-parleurs. Et si on pense à une perspective de vie pour aînés — une personne âgée qui vit dans un condo régulier, par exemple — on peut ajouter une assistance opérationnelle ou d’urgence, ou intégrer des fonctionnalités qui répondent à ses besoins en temps réel. »
Concevoir pour favoriser les liens humains
Au-delà de la technologie, l’environnement physique joue un rôle essentiel dans la création d’un sentiment de communauté au sein des développements à haute densité. Pour Shannon, ce sont les espaces partagés bien pensés — comme les terrasses, les gyms et les halls d’entrée — qui font toute la différence.
« Tout repose vraiment sur la conception des éléments communs et des commodités partagées. Au final, ce n’est pas à nous, comme promoteurs, de gérer les rassemblements ou les liens communautaires, puisque c’est le rôle du gestionnaire immobilier. Nous, on conçoit, on construit, on occupe les unités… et ensuite, notre travail est terminé. Mais si on prend le temps de créer des espaces communautaires réfléchis pour un usage futur, je crois que c’est ça qui compte.»
Elle poursuit : « Par exemple, s’assurer que la salle polyvalente a une belle terrasse extérieure afin que les résidents puissent la louer autant pour des événements communautaires que pour des fêtes personnelles, etc. Ou encore, faire en sorte que le gym soit bien équipé avec les appareils les plus populaires, pour que chacun y trouve ce dont il a besoin sans avoir à payer un abonnement dans un autre centre. »
Même un élément aussi simple que des sièges dans le hall peut encourager les échanges. « Il faut réfléchir à ce qui est mis en place pour un usage futur selon leurs besoins. Comme les assises dans le hall d’entrée : est-ce que c’est invitant ? Est-ce qu’on peut s’y asseoir confortablement et rencontrer d’autres résidents de l’immeuble ? »
Une transition fluide : aligner développement et gestion immobilière
Livrer un immeuble résidentiel de qualité ne s’arrête pas à la fin des travaux de construction. Assurer une transition harmonieuse vers l’occupation des lieux demande une étroite collaboration entre les promoteurs et les gestionnaires immobiliers — une planification à laquelle Shannon et son équipe s’attardent dès les premières étapes d’un projet.
« Dès le début, il est important de coordonner les efforts entre le développement, les investissements, la construction et la gestion immobilière pour établir un budget de copropriété pour la première année, » explique-t-elle. « C’est à ce moment-là qu’on détermine les coûts futurs pour les propriétaires — ce que couvriront les frais de copropriété. On veut donc s’assurer d’avoir une communication claire et efficace dès le départ sur la façon dont l’immeuble sera desservi, les attentes autant du point de vue humain que technologique, et surtout, les coûts qui en découlent, puisque ceux-ci doivent être communiqués dès la vente — bien avant même que le bâtiment ne soit construit. »
Canderel implique aussi l’équipe de gestion bien avant le début de l’occupation partielle. « On commence à faire entrer le gestionnaire immobilier environ quatre à six mois avant la date prévue d’occupation, parce que dès qu’un résident emménage, la responsabilité revient à la gestion — et ils doivent être prêts à prendre le relais. »
Shannon souligne l’importance de la collaboration à cette étape, afin que toutes les équipes soient bien alignées sur les attentes en matière d’exploitation et de services. « Quand on commence à collaborer avec la gestion tôt dans le processus, ce n’est pas seulement pour qu’ils comprennent la configuration physique du bâtiment. Il faut visiter l’immeuble ensemble, comprendre les espaces partagés, et leur présenter les caractéristiques spécifiques d’exploitation et d’entretien qui les soutiendront une fois les résidents installés. »
Ce processus permet à Shannon et à son équipe de s’assurer que le transfert de l’immeuble se fasse de la manière la plus efficace possible, facilitant ainsi l’entrée en fonction des gestionnaires. « On travaille à maintenir une communication ouverte et efficace. Voici comment le bâtiment a été construit; faisons ensemble le tour des aires communes, des besoins opérationnels et d’entretien, des points d’accès et des attentes des résidents. Ainsi, lorsque l’immeuble sera prêt à être occupé, le gestionnaire aura tous les outils en main pour en prendre la relève avec succès. »
Trouver l’équilibre entre vision et réalité
Shannon est quotidiennement confrontée au défi de concilier la vision ambitieuse de l’urbanisme avec les réalités concrètes de la construction. Alors que des villes comme Toronto poursuivent leur densification, la demande pour des développements en hauteur ne cesse de croître — mais elle s’accompagne d’un ensemble de défis complexes : contraintes financières, règlements de zonage, et bien sûr, le besoin fondamental des gens d’habiter un espace viable et adaptable.
« Il existe un idéal, un plan parfait… mais de nombreux défis financiers et de conception nous empêchent de réaliser cette vision, » explique-t-elle. « Les urbanistes municipaux ont leur propre vision, mais ce n’est pas toujours collaboratif. Ça ne cadre pas toujours avec ce qu’on est réellement capables de construire. Mais ça fait partie du travail : on doit trouver comment concrétiser cette vision dans les limites pratiques avec lesquelles on compose. »
Malgré ces défis, Shannon garde le cap sur ce qu’elle peut contrôler : livrer des communautés bien conçues, fonctionnelles et durables, qui répondent aux besoins des citadins. « Il faut se soucier de ce qu’on fait, et de pour qui on le fait, » dit-elle. « À la fin de la journée, on construit des foyers. Et ça, ça doit avoir du sens. »
Concevoir l’avenir de la vie urbaine
Construire des communautés en hauteur ne consiste pas seulement à maximiser l’espace — il s’agit de créer des foyers qui sont à la fois personnels, adaptables et bien ancrés dans un tissu urbain dense. De l’élaboration du budget et de la conception initiale jusqu’au transfert final à la gestion immobilière, chaque étape repose sur une collaboration intentionnelle et une exécution réfléchie.
Dans une ville où le terrain se fait rare et où la croissance verticale est inévitable, Shannon voit chaque projet comme une occasion de rehausser les standards de la vie urbaine. Grâce à une conception innovante, à l’intégration de technologies intelligentes et à une attention constante portée à l’expérience des résidents, son travail chez Canderel reflète une transformation plus large : celle de villes qui ne sont pas seulement plus hautes, mais aussi plus ingénieuses, inclusives — et profondément humaines.